Le Danemark veut protéger les citoyens contre les deepfakes

Loi anti-deepfake : le Danemark prend les devants face à l’IA

Le Danemark veut donner à chacun un droit de propriété sur son propre visage et sa voix. Une manière inédite de lutter contre les deepfakes, ces contenus créés par intelligence artificielle qui manipulent l'image et le son d'une personne sans son consentement.

Un droit d'auteur sur votre apparence ?

La nouvelle loi proposée par le gouvernement danois veut accorder à chaque citoyen un droit de propriété sur sa biométrie : visage, voix, expressions faciales. Inspiré du droit d'auteur, ce cadre juridique permettrait de retirer un contenu deepfake sans passer par un procès long et coûteux.

Pourquoi le Danemark agit maintenant

L'explosion des contenus générés par IA inquiète les autorités. De plus en plus de personnes se retrouvent victimes de clones numériques : dans des faux discours, des publicités truquées ou même dans des contenus pornographiques non consentis. En prévision de sa présidence du Conseil de l'UE, le Danemark veut créer un précédent. Cette initiative s'inscrit dans un contexte plus large de régulation européenne, avec des références croisées au Digital Services Act et au futur AI Act.

Une loi ambitieuse, mais difficile à appliquer

Sur le papier, l'initiative est saluée. Mais faire supprimer une vidéo sur un site hébergé hors d'Europe reste très complexe. Les plateformes de streaming, de médias sociaux ou les sites pornographiques installés dans des pays peu coopératifs sont souvent hors de portée. L'efficacité de cette loi reposera donc en grande partie sur la bonne volonté des plateformes majeures, et leur capacité à collaborer activement avec les autorités.

Un effet réel contre les abus

Pour les contenus publiés sur YouTube, TikTok ou Instagram, la loi pourrait avoir un effet immédiat. Le lien direct entre utilisateur, identité biométrique et publication facilite les retraits. C'est aussi un moyen de protection contre le harcèlement et les usurpations.

Et les contenus pornographiques ?

Les deepfakes à caractère sexuel sont parmi les plus répandus et les plus destructeurs. Pourtant, les sites qui les diffusent sont souvent hébergés hors Europe, dans des juridictions où aucune coopération n'est possible. Le texte danois pourrait tout de même servir de base pour des actions en justice internationales ou des blocages DNS via les fournisseurs d'accès.

Conclusion : un cadre pionnier, mais encore fragile

Le Danemark propose une loi ambitieuse qui pourrait redéfinir la protection de l’identité numérique en Europe. En donnant aux citoyens un droit de propriété sur leur visage et leur voix, il s’agit de mieux lutter contre les dérives des deepfakes, tout en posant un cadre juridique clair face à une technologie en pleine expansion.
Mais ce texte, aussi innovant soit-il, ne suffira pas à lui seul à stopper les abus. Son efficacité dépendra fortement de la coopération des plateformes, de la capacité à détecter rapidement les contenus litigieux, et surtout d’une coordination internationale. Il marque toutefois une première étape concrète vers un Internet plus éthique — où chacun pourrait enfin garder le contrôle de son image.


Qu'est-ce que la loi danoise sur les deepfakes ?

Elle propose de donner à chaque citoyen un droit de propriété sur son apparence et sa voix, afin de pouvoir demander le retrait de contenus deepfake sans démarches lourdes.

Est-ce qu'une loi contre les deepfake peut vraiment être efficace ?

Elle pourrait être utile sur les grandes plateformes, mais son application sera difficile face à des sites hébergés hors d'Europe.

L'Europe prévoit elle une loi contre les deepfakes ?

Le Danemark espère inspirer une réglementation à l'échelle européenne, en lien avec le Digital Services Act et le futur AI Act.

Sur le même sujet

données personnelles protection des données
Illustration des recours juridiques lorsque vos données personnelles sont utilisées pour entraîner une intelligence artificielle

Vos données utilisées pour entraîner une IA : quels recours ?

De ChatGPT à Midjourney, les intelligences artificielles (IA) se nourrissent de gigantesques volumes de données. Et si les vôtres en faisaient partie ? Nom, photos, écrits... Vos informations personnelles sont peut-être utilisées sans votre accord. Le RGPD vous protège, mais comment agir concrètement ? Ce guide détaille vos droits et les recours possibles.

ghibli image générée
Génération d'image "style Ghibli", décryptage de la polémique

La polémique autour des images IA façon Studio Ghibli

Depuis plusieurs mois, les réseaux sociaux regorgent d’images générées par intelligence artificielle dans le style visuel des films du Studio Ghibli. Si certaines séduisent par leur rendu enchanteur, d'autres soulèvent des critiques vives. Entre hommage, contrefaçon et inquiétude artistique, décryptons les enjeux de cette tendance.

Sora OpenAI
Polémique Sora célébrités décédées

Pourquoi les images de personnes décédées générées avec Sora font polémique ?

L’arrivée de Sora 2, la nouvelle version de l’outil de génération d’OpenAI, a relancé un débat brûlant : celui de la résurrection numérique des célébrités disparues. Avec Sora 2, dont le réalisme dépasse tout ce qu’on avait vu jusque-là, la prouesse technologique se double d’un malaise éthique. Peut-on vraiment recréer un visage sans consentement ? Derrière l’effet de fascination, c’est la dignité et le contrôle de l’image qui sont remis en question.

pornographie usurpation
Les deepfake pornographiques, réalité dangereuse

Deepfake de contenu pornographique : quels risques ?

Les deepfakes, ces vidéos truquées générées par l’intelligence artificielle, se multiplient à grande vitesse. S’ils peuvent être spectaculaires dans les films ou les jeux vidéo, leur détournement à des fins sexuelles soulève de graves questions éthiques, légales et psychologiques.

Droit d'auteur Data scraping
Reddit contre Perplexity : le procès du data scraping

Reddit attaque Perplexity : la bataille judiciaire pour les données de l'IA

La plateforme Reddit a officiellement lancé une offensive judiciaire majeure en déposant une plainte contre quatre entreprises, dont le moteur de recherche IA Perplexity. L'accusation : exploitation illégale de ses données à grande échelle. Cette affaire met en lumière une tension croissante entre les détenteurs de contenu et les entreprises d'intelligence artificielle qui ont un besoin insatiable de données pour entraîner leurs modèles. Au-delà d'un simple conflit, c'est tout un modèle économique qui est en jeu.

Condamnation Musique

OpenAI perd un procès contre l'industrie musicale allemande

La justice allemande a rendu un verdict historique : OpenAI a été reconnue coupable d'avoir violé les droits d'auteur de chansons en utilisant des paroles protégées pour entraîner son modèle ChatGPT. Cette décision, prononcée par le tribunal régional de Munich le 11 novembre 2025, pourrait redéfinir les règles du jeu entre l'intelligence artificielle et les industries créatives. Voici une analyse détaillée de cette affaire et de ses conséquences potentielles.