
Dead Internet Theory : le symptôme d’une crise de confiance numérique
Sur Internet, tout semble vivant. Des publications surgissent chaque seconde, des commentaires s’enchaînent, des vidéos s’auto-recommandent sans fin. Mais une théorie étrange circule depuis quelques années : et si tout cela n’était qu’un décor ? Selon la Dead Internet Theory, la majorité du contenu en ligne ne serait plus rédigée par des humains. Bots, IA et automatisation auraient pris le pouvoir. Décryptage d’une théorie qui en dit long sur notre relation au numérique.
Origines de la Dead Internet Theory
La Dead Internet Theory est née autour de 2021 sur des forums comme 4chan ou Agora Road’s Macintosh Café. Elle soutient que depuis la fin des années 2010, la majorité des contenus sur le web seraient générés par des intelligences artificielles ou des bots automatisés. L’objectif présumé ? Créer un Internet artificiel, faussement vivant, piloté par des intérêts économiques ou politiques.
Des preuves ? Ou juste un ressenti ?
Les partisans de cette théorie évoquent plusieurs signes : baisse de qualité des contenus, commentaires générés, répétition des formats viraux, ou encore disparition des forums indépendants. L’impression que le web est devenu impersonnel alimente cette croyance. Mais rien ne prouve que ces changements relèvent d’une machination coordonnée.
Quel lien avec l’intelligence artificielle ?
L’émergence de modèles comme GPT, DALL·E ou Sora a renforcé la crédibilité de cette théorie. Il est désormais possible de générer des milliers de textes, images ou vidéos en quelques secondes. Pour certains, cela rend plausible l’idée d’un web rempli de contenus automatiques, sans intervention humaine réelle.
Des chiffres qui donnent du poids à la théorie
Selon les derniers rapports publiés par Imperva, Akamai ou encore SOAX, les bots génèrent aujourd’hui plus de 50 % du trafic Internet mondial. En 2024, on estime que 37 % du trafic est dû à des bots malveillants (scrapers, spammeurs, tentatives de fraude), contre seulement 14 % pour des bots dits "légitimes" (moteurs de recherche, API utiles…).
Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est accentué avec l’essor de l’intelligence artificielle générative, qui facilite la création de contenus automatisés crédibles.
Résultat : la part du trafic humain est en baisse constante, tombant à environ 49 % en 2024, contre plus de 60 % une décennie plus tôt. Ces chiffres montrent que l’Internet actuel est déjà majoritairement alimenté par des entités non humaines, rendant la Dead Internet Theory moins absurde qu’elle n’y paraît. Même sans croire à une manipulation globale, le simple déséquilibre entre humains et bots suffit à alimenter le doute.

Qui serait derrière ? Les théories du complot associées
Certains accusent des gouvernements cherchant à orienter l’opinion publique, d’autres pointent les GAFAM, qui auraient intérêt à saturer les plateformes de contenu pour mieux vendre leurs services. Des versions plus extrêmes évoquent même des agences secrètes créant un Internet de substitution pour contrôler l’information.
Un modèle économique fondé sur l’automatisation
Derrière cette théorie se cache aussi une logique économique : plus un contenu est produit rapidement et à bas coût, plus il est rentable. Des fermes à contenus utilisent déjà des IA pour rédiger des articles, générer des images et publier automatiquement sur les réseaux sociaux. Cela permet de capter du trafic, vendre des produits, récolter des données ou générer des revenus publicitaires, sans véritable intervention humaine.
Un reflet de la crise de confiance numérique
La Dead Internet Theory est surtout le symptôme d’une fracture plus profonde. Face à un Internet de plus en plus standardisé, opaque et rempli de publicités, la confiance des utilisateurs s’érode. Cette théorie traduit une inquiétude grandissante : celle de ne plus savoir ce qui est vrai, humain ou digne de foi sur le web.
Sources
- The Atlantic – Maybe You Missed It, but the Internet ‘Died’ Five Years Ago
Un des premiers grands médias à traiter sérieusement la théorie. L'article explore pourquoi cette idée trouve un écho malgré son absence de preuves concrètes. - Vice – ‘Dead Internet Theory’ Is Back Thanks to All of That AI Slop
Une analyse récente qui met en lien la montée de l’IA générative avec la popularité retrouvée de la théorie. Ton décalé mais informatif. - UNSW / Fast Company – The ‘dead internet theory’ makes eerie claims...
Un éclairage universitaire sur les dérives algorithmiques et les contenus générés automatiquement qui polluent notre perception du réel. - Imperva – Bad Bot Report 2025
Un rapport de référence sur l’évolution du trafic web automatisé, indiquant que les bots représentent désormais 51 % du trafic Internet mondial.
La Dead Internet Theory est-elle crédible ?
Elle repose sur des éléments bien réels (automatisation, bots, IA génératives), mais elle pousse à l’extrême des constats souvent valables. Rien ne prouve que la majorité du web est contrôlée par des machines.
Qui a lancé la théorie du "Dead Internet" ?
Elle est apparue anonymement sur des forums comme 4chan et Agora Road autour de 2021. Elle s’est diffusée via TikTok, Reddit et YouTube.
Pourquoi le sujet de la "Dead Internet Theory" revient-il aujourd’hui ?
L’explosion des IA génératives et la baisse de confiance dans les contenus en ligne rendent cette théorie plus crédible pour une partie du public.