
37% des employeurs préfèrent embaucher une IA plutôt qu'un jeune diplômé
L'intelligence artificielle redéfinit le marché de l'emploi à une vitesse fulgurante. Une étude récente de la Hult International Business School révèle un chiffre alarmant : 37% des employeurs préfèrent désormais embaucher une IA plutôt qu'un jeune diplômé. Cette tendance, loin d'être anecdotique, soulève des questions cruciales sur l'avenir des juniors dans le développement et bien d'autres secteurs. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles compétences développer pour rester pertinent ?
Un chiffre qui fait réfléchir
L'étude menée par la Hult International Business School en janvier 2025 auprès de 1 600 employeurs met en lumière plusieurs tendances préoccupantes :
- 37% des employeurs préfèrent embaucher une IA plutôt qu'un jeune diplômé de la génération Z (né entre 1997 et 2012)
- 89% des employeurs évitent d'embaucher de jeunes diplômés
- 96% estiment que les formations universitaires ne préparent pas suffisamment au monde du travail
Ces chiffres s'inscrivent dans un contexte plus large de transformation du marché de l'emploi, où l'IA générative devient capable d'accomplir des tâches jusqu'ici réservées aux juniors.
Pourquoi les juniors sont-ils particulièrement vulnérables ?
Les postes juniors présentent des caractéristiques qui les rendent particulièrement exposés à l'automatisation par l'IA. Les tâches confiées aux débutants sont souvent :
- Routinières : tâche basique, documentation, tests simples
- Peu risquées : les erreurs ont un impact limité
- Standardisées : suivent des processus établis
- Facilement automatisables : ne nécessitent pas de créativité ou de jugement complexe
L'IA générative excelle précisément dans ce type de tâches, ce qui explique pourquoi les entreprises y voient une alternative intéressante aux jeunes diplômés.
Le paradoxe de l'expérience
Les jeunes diplômés se retrouvent face à un cercle vicieux : ils ne peuvent pas être embauchés sans expérience, mais ils ne peuvent pas acquérir d'expérience sans être embauchés. L'IA exacerbe ce problème en réduisant les postes d'entrée qui servent traditionnellement de tremplin professionnel.
Cette situation crée un effet d'étranglement dans les parcours professionnels, où seuls les profils disposant déjà d'une culture numérique avancée ou d'un capital social fort parviennent à progresser.
L'impact sur le marché de l'emploi
Les conséquences de cette préférence pour l'IA se font déjà sentir sur le marché de l'emploi. Selon plusieurs études récentes :
- Baisse de 25% du recrutement de jeunes diplômés dans la tech en 2024 (SignalFire)
- Baisse de 19% du recrutement de cadres débutants en France en 2024 (APEC)
- Baisse de 18% des emplois dans l'informatique en France en 2024 (APEC)
Ces chiffres témoignent d'une reconfiguration en profondeur du marché de l'emploi, où les postes juniors se raréfient au profit de profils plus expérimentés capables de superviser les outils d'IA.

Comment les juniors peuvent-ils s'adapter ?
Face à cette réalité, les jeunes diplômés doivent développer de nouvelles compétences pour rester pertinents sur le marché du travail. Voici les axes prioritaires :
- Maîtrise des outils d'IA : ChatGPT, Claude, Copilot, GitHub Copilot
- Compétences en supervision d'IA : savoir évaluer, corriger et optimiser les réponses générées
- Analyse critique : développer un esprit critique face aux résultats produits par l'IA
- Compétences 'humaines' : créativité, résolution de problèmes complexes, intelligence émotionnelle
L'objectif n'est plus de concurrencer l'IA sur ses terrains d'excellence, mais de se positionner en superviseur et optimiseur de ces outils.
L'importance de la spécialisation
À l'heure où l'intelligence artificielle s'approprie rapidement les connaissances de base, la polyvalence perd de son intérêt.
L'avenir appartient aux spécialistes qui excellent dans des domaines où l'expertise humaine reste prépondérante, comme la conception de systèmes critiques pour la santé ou les transports, ou encore la cybersécurité. Ces secteurs demandent une compréhension nuancée et un jugement expert que les algorithmes ne peuvent encore reproduire avec une fiabilité suffisante.
Quel avenir pour les jeunes diplômés ?
Malgré ces défis, l'avenir n'est pas entièrement sombre pour les jeunes diplômés. Plusieurs tendances offrent des raisons d'espérer :
- Les entreprises recrutent davantage de profils avec 2-5 ans d'expérience (+27% pour les Big Tech, +14% pour les startups)
- De nouvelles fonctions émergent, comme les "prompt engineers" ou les spécialistes en éthique de l'IA
- La demande pour des compétences hybrides (techniques + métier) reste forte
La clé sera pour les formations de s'adapter rapidement et pour les juniors de se positionner non plus comme des exécutants, mais comme des superviseurs et optimisateurs d'outils d'IA.
Le marché de l'emploi junior tel que nous l'avons connu est probablement en train de disparaître, mais de nouvelles opportunités émergent. Les jeunes diplômés qui sauront s'adapter et développer les compétences appropriées trouveront encore leur place dans un monde de plus en plus automatisé.
Sources
- L'IA pourrait déjà réduire le nombre d'emplois de débutant dans la technologie
Étude de SignalFire sur l'impact de l'IA sur l'embauche des jeunes diplômés. - IA générative : 50 % des emplois des jeunes menacés d'ici 2030
Analyse des projections à moyen terme sur l'impact de l'IA sur les emplois juniors. - Le marché de l'emploi cadre a subi en 2024 une sévère baisse
Rapport de l'APEC sur l'évolution du marché de l'emploi cadre en France.
Pourquoi 37% des employeurs préfèrent-ils embaucher une IA plutôt qu'un jeune diplômé ?
Les employeurs estiment que l'IA est plus efficace pour les tâches routinières et standardisées généralement confiées aux juniors. L'IA ne nécessite pas de formation, est disponible 24/7, et ne commet pas les mêmes erreurs qu'un débutant. De plus, 96% des employeurs jugent que les formations universitaires ne préparent pas suffisamment au monde du travail.
Quelles compétences les jeunes diplômés doivent-ils développer pour rester compétitifs ?
Les juniors doivent se concentrer sur la maîtrise des outils d'IA, développer des compétences en supervision d'IA, cultiver leur esprit critique, et renforcer leurs compétences 'humaines' comme la créativité et la résolution de problèmes complexes. La spécialisation dans des niches où l'apport humain reste décisif est également cruciale.
L'IA va-t-elle remplacer complètement les développeurs juniors ?
Non, l'IA ne remplacera pas complètement les développeurs juniors, mais elle transformera profondément leurs métiers et les compétences requises. Les postes juniors traditionnels diminuent, mais de nouvelles opportunités émergent pour ceux qui savent superviser et optimiser les outils d'IA.
Quels secteurs recrutent encore des jeunes diplômés malgré l'essor de l'IA ?
Les secteurs qui recrutent encore des juniors sont ceux nécessitant un jugement expert et une compréhension contextuelle que l'IA ne peut pas reproduire : développement de systèmes critiques, cybersécurité, architecture logicielle complexe, UX/UI design. Les entreprises recherchent également des profils capables de travailler en collaboration avec l'IA.
Comment les formations doivent-elles évoluer pour préparer les étudiants à l'IA?
Les formations doivent intégrer l'apprentissage des outils d'IA dès le cursus, développer l'esprit critique face aux outputs générés, enseigner la supervision d'IA, et renforcer les compétences humaines complémentaires. Elles doivent également favoriser la spécialisation et proposer des projets concrets en collaboration avec les entreprises.