
L'IA m'a aidé à faire ma campagne D&D, et alors ?
Oui, j'utilise l'intelligence artificielle pour préparer mes campagnes Donjons & Dragons. Et je vais vous le dire sans détour : ça a été un gain de temps considérable. Dans un débat qui enflamme la communauté, je voulais partager mon expérience honnête.
Pas pour convaincre les puristes (que je peux comprendre), mais pour montrer qu'il existe une voie raisonnable entre le refus total et le "copier-coller" sans âme.
Mon expérience concrète : ChatGPT et Sora comme assistants
Pour ma part, j'utilise l'IA dans D&D pour deux choses principales : le brainstorming et le visuel. Je ne la laisse jamais diriger la partie, mais je l'intègre à ma préparation. Mon objectif est simple : me libérer des tâches chronophages pour me concentrer sur l'essentiel : l'interaction avec mes joueurs et l'animation de la campagne.
ChatGPT, mon partenaire de brainstorming
Devant une page blanche, ChatGPT est devenu un partenaire créatif efficace. Je ne lui demande pas d'écrire mes scénarios. Je lui pose des problèmes ouverts : "Donne-moi trois indices pour une enquête dans une bibliothèque magique", ou "Quelles pourraient être les motivations d'un dragon qui ne veut pas d'or ?". Les réponses sont parfois génériques, mais petit à petit en faisant des retours précis à l'IA, les propositions s'affinent. C'est à moi de trier, de combiner, d'injecter la subtilité et des liens avec l'histoire de mes joueurs.
Sora, pour donner vie à mes mondes
Côté visuel, j''utilise Sora pour générer mes images. Au lieu de simplement décrire un port mystique enveloppé de brume, je montre à mes joueurs le rendu précis de ce que j'avais en tête. L'immersion est instantanée.
J'ai aussi généré des portraits de PNJ et des concepts d'objets ou de lieux. Plus besoin de passer des heures à chercher l'image parfaite. Je décris mon idée, l'IA me propose une base, et le résultat est unique et cohérent avec mon univers.

La controverse
Je suis parfaitement conscient que ce sujet est sensible. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder les scandales qui ont secoué Wizards of the Coast (WotC), l'éditeur de D&D.
Fin 2023, des fans ont repéré des illustrations avec les défauts typiques de l'IA dans le livre Bigby Presents: Glory of the Giants. L'artiste a admis avoir utilisé l'IA pour "polir" son travail. WotC a dû clarifier sa position, interdisant l'IA pour les produits finaux. Puis, début 2024, c'est une image marketing pour Magic: The Gathering qui a été dénoncée. Pire encore, WotC a d'abord nié avant de devoir admettre que des éléments IA s'étaient "glissés" dans le travail, rejetant la faute sur un prestataire. Ces incidents ont créé un climat de méfiance profond et lancé un vrai débat au sein des joueurs.
Les voix de la communauté
Sur les forums et les réseaux sociaux, les avis sont tranchés. On trouve des citations qui résument bien les différentes positions :
* Le puriste : "Utiliser de l'IA, c'est avouer qu'on a manqué d'imagination. C'est une trahison de l'esprit de D&D, qui est avant tout une création humaine partagée."
* Le pragmatiste : "Je n'ai pas 20 heures par semaine pour dessiner. Si l'IA me donne une image pour mon PNJ, mes joueurs sont plus heureux et je suis moins stressé. On se prend la tête pour pas grand-chose."
* L'artiste inquiet : "Chaque image générée est une commande volée à un artiste. On normalise une pratique qui détruit une profession. Ça me désole."
Ces débats sont légitimes, je ne le nie pas du tout. Ils touchent à la valeur du travail créatif et à l'âme même de notre hobby. Mais je suis lucide vis à vis de l'IA. De plus en plus de MJ l'utilisent, de plus en plus de MJ n'ont plus honte d'avouer l'utiliser. La direction prise me semble claire.
Ma position : l'IA comme un levier, pas un pilote
Je ne suis ni dans le camp "tout interdire" ni dans le camp "tout automatiser". Ma philosophie est celle de l'"IA in the middle". L'IA est un assistant qui travaille dans l'ombre. Elle génère de la matière première que je suis seul à interpréter et à sculpter. Elle s'occupe des tâches chronophages pour que je puisse me consacrer à ce que seul un humain peut faire : raconter une histoire, improviser, créer du lien et s'adapter au jeu. Utiliser l'IA pour générer des visuels ne m'empêche pas d'être créatif. Au contraire, ça me permet de rendre ma créativité visible. Ce n'est pas de la triche, c'est de l'efficacité.
Sources
- Understanding Wizards of the Coast's New AI Art Debacle - Plagiarism Today : Un résumé détaillé des controverses de WotC concernant l'IA, utile pour comprendre le contexte.
- L'IA comme Maître du Jeu : révolution ou simple gadget ? - Geek-Powa : Un excellent article qui explore l'approche "IA in the middle", celle que j'adopte.
- Generative AI art FAQ - D&D - Wizards of the Coast : La FAQ officielle de WotC sur leur position concernant l'IA, pour avoir leur point de vue direct.
Est-ce que l'IA peut remplacer un Maître du Jeu à D&D ?
Non, pas complètement. Une IA peut générer du contenu ou même animer une partie basique, mais elle manque de la finesse, de l'adaptabilité et de l'âme d'un MJ humain. Elle est un excellent outil d'assistance, mais pas un remplaçant.
Quels sont les risques d'utiliser l'IA pour une campagne D&D ?
Le principal risque est de tomber dans du contenu générique et sans surprise. Il y a aussi un débat éthique sur l'entraînement des IA et l'impact sur les artistes. L'astuce est de l'utiliser comme une source d'inspiration, pas comme une solution finale.
Comment utiliser l'IA de manière éthique pour D&D ?
L'approche "IA in the middle" est une bonne piste : l'IA suggère, l'humain décide. Ne copiez-collez jamais de textes entiers. Utilisez-la pour les visuels si vous n'êtes pas artiste, ou pour brainstormer des idées que vous allez entièrement réécrire et adapter.
L'IA peut-elle créer des scénarios D&D originaux ?
Elle peut créer des histoires cohérentes et basées sur des scénarios connus. L'originalité viendra de votre capacité à mélanger les idées de l'IA avec vos propres concepts et à les adapter à votre groupe de joueurs pour une expérience unique.





