Mon avis sur le film "Justicia Artificial" : Un sujet passionnant, une réalisation paresseuse

Un contexte prometteur

Justicia Artificial se déroule en 2028 en Espagne, où un système d'intelligence artificielle appelé THENTE 1 sert d'aide aux juges. Le gouvernement envisage d'aller plus loin et organise un référendum pour généraliser cette IA et remplacer complètement les juges humains, promettant une justice automatisée et neutre. Le film met en scène Carmen Costa (interprétée par Verónica Echegui), une juge respectée qui est invitée à évaluer ce projet. Lorsque la créatrice du système, Alicia Kóvack (Alba Galocha), disparaît mystérieusement, Carmen commence à soupçonner une conspiration.

Un sujet d'actualité brillamment exploité... en théorie

Le film aborde des questions éthiques et sociales cruciales qui mériteraient une exploration approfondie : Peut-on confier la justice à une machine ? Une IA peut-elle vraiment être impartiale ? Quels sont les risques d'une délégation du pouvoir judiciaire à des algorithmes ? Ces interrogations sont au cœur des débats actuels sur l'IA. Malheureusement, le traitement de ces thèmes reste superficiel, se contentant de les effleurer sans jamais vraiment les creuser.

Une réalisation sans ambition

Malgré un univers visuel réussi et une production soignée, la réalisation de Simón Casal manque singulièrement de dynamisme et d'originalité. Les scènes d'action sont conventionnelles, le rythme est inégal, et la mise en scène ne parvient pas à créer la tension nécessaire à un thriller politique. On a l'impression d'un film qui se contente de suivre les codes du genre sans jamais chercher à les dépasser ou à les renouveler.

Des personnages sans épaisseur

Le scénario ne parvient pas à développer des personnages complexes et attachants. Carmen Costa, incarnée par Verónica Echegui, reste une héroïne assez conventionnelle dont on comprend mal les motivations profondes. Les personnages secondaires sont encore moins développés, se contentant souvent de remplir des fonctions narratives.

Une occasion manquée

Le film aurait pu être une réflexion fascinante sur les limites de la technologie, les dangers de la délégation du pouvoir humain à des machines. Au lieu de cela, il se contente d'être un thriller politique sans âme, qui passe à côté des questions qu'il prétend aborder.

Comment faire mieux ?

Pour ceux qui s'intéressent à cette thématique, plusieurs œuvres cinématographiques et télévisuelles explorent bien mieux ces questions :

• Minority Report (2002) de Steven Spielberg, qui imagine un système de police prédictive et explore brillamment les dilemmes éthiques qu'il soulève.
  
• Person of Interest (2011-2016), une série télévisée qui développe sur cinq saisons une réflexion complexe sur la surveillance, la privacy et le rôle de l'IA dans la société.
  
• Devs (2020), une mini-série d'Alex Garland qui aborde les questions de déterminisme et de libre arbitre à l'ère du quantique et de l'IA.
  

Conclusion : un concept fascinant, une exécution décevante

Justicia Artificial reste un film regarder pour ceux qui s'intéressent particulièrement à la thématique de l'IA dans la justice. Cependant, on ne peut que regretter que cette excellente idée n'ait pas été servie par une réalisation plus ambitieuse et un scénario plus approfondi.