Projet Pendragon : unité robotique militaire française

Pendragon : La France lance sa première unité robotique de combat dotée d’IA

L'armée française entre dans une nouvelle ère technologique avec le projet Pendragon. Porté par l'Agence ministérielle pour l'IA de Défense (AMIAD) et le Commandement du Combat Futur, ce programme vise à déployer d'ici 2027 la première unité robotique de combat autonome. Une révolution stratégique qui positionne la France parmi les nations pionnières en matière de défense intelligente.

Qu'est-ce que le projet Pendragon ?

Le projet Pendragon représente une avancée majeure dans la modernisation des forces armées françaises. Il s'agit d'un programme ambitieux qui vise à créer une intelligence collective entre différentes plateformes robotisées. Concrètement, l'objectif est de développer une unité capable de combiner drones aériens, robots terrestres et quadrupèdes pour mener des missions de manière semi-autonome.

Cette unité innovante pourra notamment :

  • Effectuer des reconnaissances en zones hostiles
  • Sécuriser des périmètres dangereux
  • Appuyer les forces humaines au combat
  • Réduire l'exposition des soldats aux risques

Le tout, avec un maintien du contrôle humain sur les décisions critiques.

Les acteurs clés du projet

Deux entités majeures pilotent le projet Pendragon :

  • L'Agence ministérielle pour l'IA de Défense (AMIAD) : Créée en mai 2024, cette agence regroupe environ 120 experts répartis entre Paris, Bruz (en Bretagne) et Palaiseau (en Essonne). Elle vise à tripler ses effectifs d'ici fin 2026 pour atteindre 300 collaborateurs.
  • Le Commandement du Combat Futur (CCF) : Cette structure du ministère des Armées est chargée d'anticiper les évolutions technologiques et doctrinales pour préparer l'armée de demain.

Une équipe dédiée de 20 à 30 experts assure la coordination quotidienne du projet, avec une approche multidisciplinaire mêlant data scientists, ingénieurs et chefs de projet.

Technologies et architecture du système

L'architecture technique de Pendragon repose sur deux piliers d'intelligence artificielle complémentaires :

- 1. L'interprétation des missions (NLP)

Grâce au traitement du langage naturel (Natural Language Processing), le système pourra traduire les ordres d'un chef militaire en instructions compréhensibles par chaque robot. Cette brique technologique garantit le maintien du contrôle humain, comme l'explique Théo Pierre, expert IA à l'AMIAD : "On ne donne pas toute autonomie à cette unité robotique. Le chef assumera les conséquences de ses ordres."

- 2. L'intelligence opérationnelle de terrain

Chaque plateforme dispose d'algorithmes spécialisés dans la détection, la localisation et l'identification des cibles potentielles. L'apprentissage par renforcement permet d'optimiser continuellement les performances selon les situations rencontrées.

Plateformes robotiques hétérogènes

La force de Pendragon réside dans sa capacité à intégrer des systèmes variés :

  • Drones aériens : Pour la surveillance et la reconnaissance, incluant des modèles low-cost
  • Robots terrestres à roues : Polyvalents et adaptés à différents terrains
  • Robots quadrupèdes : Agiles et capables d'évoluer sur des surfaces accidentées

Les communications entre ces plateformes s'appuieront sur des technologies éprouvées comme la 4G, la 5G, le Wi-Fi et le satellite, choisies selon les impératifs de chaque type d'opération.


Drone tactique Patroller de Safran en vol. Ce modèle français pourrait être similaire aux drones pressentis pour le projet Pendragon, bien qu'aucune confirmation officielle n'ait été faite à ce sujet.
Le drone tactique Patroller développé par Safran. Bien qu'il ne soit pas officiellement confirmé pour le projet Pendragon, ce type de drone opérationnel dans l'armée française illustre les capacités que pourrait intégrer la future unité robotique.

Calendrier de déploiement

Le projet Pendragon suit un calendrier précis et ambitieux :

  • Phase actuelle : Prototypage et développement des premiers systèmes
  • Été 2026 : Première démonstration opérationnelle grandeur nature
  • 2027 : Déploiement initial sur les théâtres d'opérations

L'approche sera progressive : l'unité initiale comprendra une dizaine d'éléments maximum, permettant d'affiner les procédures avant d'envisager une montée en puissance. Cette méthode pragmatique évite les pièges d'une ambition démesurée tout en garantissant une intégration opérationnelle réussie.

La France dans le paysage mondial

Comment se positionne le projet Pendragon par rapport aux initiatives internationales ? Le tableau suivant compare les approches des principales nations en matière de robotique militaire et d'intelligence artificielle.

PaysStade de développementApproche spécifiquePositionnement relatif de Pendragon
États-UnisTrès avancéProgrammes comme Project Maven ou Joint AI Center, avec budget conséquent et maturité technologique élevéePendragon est comparable à certains projets américains récents, mais avec une ambition plus modeste
ChineAvancéDéveloppement de systèmes comme Sharp Sword ou Dark Sword avec approche massive et moins soucieuse des débats éthiquesPendragon se distingue par son accent sur le contrôle humain
EuropeAvancéProgrammes collaboratifs comme Eurodrone ou SCAF, avec intégration progressive de l'IALa France se positionne parmi les leaders continentaux, au même niveau que le Royaume-Uni ou l'Allemagne, voire en avance sur l'intégration IA coordonnée
IsraëlTrès avancéPragmatisme opérationnel avec déploiement réel de robots comme Guardium pour la sécurité des frontièresPendragon s'inspire du modèle israélien mais avec une ambition plus "système de systèmes"
RussieMoyenApproche mécanique avec des systèmes comme Uran-9 ou Marker, testés en conditions réelles avec résultats mitigésPendragon est techniquement plus avancé en termes d'IA et d'interconnexion


Pendragon place ainsi la France dans le peloton de tête européen, tout en maintenant une approche équilibrée entre innovation technologique et maîtrise des risques éthiques.

Enjeux éthiques et stratégiques

Le développement d'unités robotiques autonomes soulève des questions fondamentales. Concernant le contrôle humain, Pendragon maintient explicitement l'humain dans la boucle de décision, évitant ainsi une autonomie totale des systèmes d'armes. Cette approche garantit que les décisions critiques restent entre les mains d'opérateurs qualifiés, préservant un cadre éthique strict dans l'emploi de la force.

En effet, la responsabilité juridique constitue un autre défi majeur. En cas d'erreur ou de dommage collatéral, le projet clarifie cette question en attribuant la responsabilité finale au chef ayant donné les ordres. Cette définition claire de la chaîne de responsabilité permet d'établir un cadre juridique robuste, essentiel pour l'acceptation de ces nouvelles technologies par la communauté internationale et l'opinion publique.

Enfin, la souveraineté technologique représente un enjeu stratégique central. Le "hub Pendragon" vise à fédérer l'écosystème industriel français, des grands groupes aux start-ups, pour garantir une indépendance stratégique. Cette démarche assure que la France maîtrise l'ensemble de la chaîne de valeur, de la conception des algorithmes à la fabrication des plateformes robotiques, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis de technologies étrangères.

Ces enjeux expliquent en partie la communication relativement discrète autour du projet, qui privilégie pour l'instant les cercles spécialisés.

Conclusion : une révolution en marche

Le projet Pendragon incarne la transformation numérique des armées françaises. En combinant intelligence artificielle et robotique, il prépare l'armée de demain à un environnement opérationnel de plus en plus complexe.

Au-delà de l'aspect technologique, ce programme illustre la volonté de la France de maintenir son autonomie stratégique et son rang de puissance militaire innovante. Avec une démonstration prévue en 2026 et un déploiement en 2027, Pendragon marque une étape décisive dans l'histoire de la défense nationale.

Le projet témoigne également d'une approche équilibrée, qui mise sur l'innovation sans négliger les questions éthiques et le maintien du contrôle humain. Une spécificité française qui pourrait devenir un atout dans le paysage mondial de la défense intelligente.

Sources


Qu'est-ce que le projet Pendragon ?

Le projet Pendragon est un programme militaire français visant à développer la première unité robotique de combat autonome dotée d'intelligence artificielle. Il est piloté par l'Agence ministérielle pour l'IA de Défense (AMIAD) et le Commandement du Combat Futur, avec un déploiement prévu à partir de 2027.

Quels types de robots seront utilisés dans le projet Pendragon ?

Le projet Pendragon intégrera des plateformes robotiques hétérogènes : des drones aériens pour la surveillance, des robots terrestres à roues pour la polyvalence, et des robots quadrupèdes pour évoluer sur des terrains accidentés. Ces systèmes communiqueront entre eux via 4G, 5G, Wi-Fi ou satellite selon les besoins opérationnels.

Quand sera déployée l'unité robotique Pendragon ?

Le calendrier prévoit une première démonstration opérationnelle à l'été 2026, suivie d'un déploiement initial sur les théâtres d'opérations en 2027. L'unité commencera modestement avec une dizaine d'éléments maximum avant une montée en puissance progressive.

Qui sont les partenaires industriels du projet Pendragon ?

Le projet s'appuie sur un écosystème d'entreprises françaises via le "hub Pendragon". Bien que la liste complète des partenaires ne soit pas publique, les grands groupes de défense comme Dassault, Thales, Nexter ou Safran sont probablement impliqués, aux côtés de start-ups innovantes dans le domaine de la robotique et de l'IA.

Comment la France se positionne-t-elle par rapport aux autres pays en matière de robotique militaire ?

Avec Pendragon, la France se place parmi les leaders européens, au même niveau que le Royaume-Uni ou l'Allemagne. Elle reste cependant en retrait par rapport aux États-Unis et à la Chine en termes de budget et de maturité technologique. L'originalité française réside dans son approche équilibrée entre innovation technologique et maintien du contrôle humain.

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