
Pourquoi je ne veux pas utiliser de babyphone "IA" pour mon bébé
Développeuse et maman d'une petite fille d'un an et demi, je me suis intéressée aux babyphones "intelligents" qui promettent sécurité et sérénité. Mais ma connaissance de l'écosystème numérique m'a rapidement décidé : pas de babyphone connecté dans la chambre de ma fille. Ce n'est pas un rejet de la technologie, mais un choix informé et critique face au modèle du "tout connecté".
L'IA, oui mais pas n'importe comment et pas pour tout
Les babyphones "IA" ne sont pas "intelligents" par eux-mêmes. Ce sont des caméras qui envoient en continu des images et des sons de votre foyer vers des serveurs informatiques (souvent situés à l'étranger). Que fait l'entreprise des vidéos de mon enfant ? Sont-elles bien protégées ? En tant que développeuse, je sais à quel point ces données sont précieuses. Et en tant que mère, je sais à quel point elles sont intimes.
Le business model opaque du babyphone IA
Pour faire fonctionner les alertes de "visage couvert" ou de "retournement", le flux vidéo doit être analysé. Cette analyse n'est pas magique. Elle a un coût : celui de vos données. En acceptant les Conditions Générales d'Utilisation, souvent longues et absconses, vous autorisez l'entreprise à :
- Collecter des vidéos de l'environnement de votre enfant.
- Stocker ces enregistrements, souvent via un abonnement mensuel.
- Utiliser ces données pour "améliorer le service", ce qui signifie souvent : pour entraîner leurs IA.
Sur quelle base une entreprise, basée à l'autre bout du monde, est-elle légitime pour traiter ces informations ? La politique de confidentialité de CuboAi (un des leaders du secteur) mentionne par exemple que le transfert de données hors de l'UE/EEE se fait sur la base de l'article 49 du RGPD, une disposition d'exception qui devrait nous alerter.
Une fois les données de votre babyphone transférées grâce à l'article 49, elles sont soumises à la législation du pays de destination. Si ce pays dispose de lois de surveillance gouvernementale intrusive (comme le Patriot Act ou FISA 702 aux États-Unis), les vidéos de votre enfant peuvent être consultées par les autorités locales sans que vous en soyez informé et sans que vous ayez un recours efficace.
Trop de précédents, trop de risques : pour moi c'est non
Au-delà du modèle économique, les raisons de refuser sont pour moi évidentes et fortes. Les scandales liés aux objets connectés sont bien réels et documentés.
1) Le piratage n'est pas une théorie
Des babyphones ont été piratés, permettant à des inconnus de parler aux enfants (mais quelle horreur !). Toute connexion internet est une porte d'entrée potentielle. En tant que parent, le risque que quelqu'un puisse accéder à la caméra dans la chambre de mon enfant est tout simplement inacceptable. Aucune promesse de "chiffrement de bout en bout" ne me fera changer d'avis.
2) La fiabilité relative de l'IA
On nous vend une sécurité absolue, mais la technologie est imparfaite. L'IA peut générer des fausses alertes qui stressent les parents pour rien, ou pire, des faux négatifs, manquant une situation réellement à risque. Se reposer entièrement sur un système imparfait pour la sécurité de son enfant me semble être une fausse promesse.
3) La dépendance absurde à Internet
Ces objets deviennent inutiles sans une connexion Wi-Fi stable. Si mon fournisseur internet a une panne au milieu de la nuit, je perds toute surveillance ? C'est un niveau de dépendance à un service tiers que je ne suis pas prête à accepter pour une fonction aussi essentielle.
Mon choix : un retour à l'essentiel
Finalement, j'ai choisi un babyphone audio classique. Simple, fiable, et non connecté. Pas de cloud, pas de serveurs distants, pas de CGU à accepter.
Et je ne m'en sers même pas très souvent.
Au final, garder la porte entrouverte pendant la sieste marche aussi bien. Un coup d'œil en passant, quelques gazouillis au loin quand ma fille est réveillée, définitivement, ce sont des moments que je ne veux pas "connecter".
Sources
- Politique de confidentialité de CuboAi : Pour comprendre les mentions sur le transfert de données via l'article 49 du RGPD.
- Objets connectés et vie privée - CNIL : Les recommandations de la CNIL sur les risques et la protection des données personnelles.
- Best WiFi Baby Monitors of 2025, Lab-Tested and Reviewed - Consumer Reports : Un test qui souligne les limitations et les risques d'erreurs des fonctionnalités IA.
Quelle est la différence principale entre un babyphone IA et un babyphone classique ?
Un babyphone classique transmet le son ou la vidéo localement via une fréquence radio. Un babyphone IA nécessite une connexion Internet pour envoyer les données à des serveurs cloud où l'intelligence artificielle analyse les images et les sons pour fournir des alertes spécifiques. Le premier est autonome, le second est dépendant d'un service en ligne.
Pourquoi les babyphones IA présentent-ils un risque pour la vie privée ?
Ils présentent un risque car ils collectent et transmettent en continu des vidéos et des sons de l'intimité du domicile. Ces données sont stockées sur les serveurs d'une entreprise, souvent à l'étranger, et peuvent être utilisées pour entraîner des IA, être exposées à des failles de sécurité ou piratées.
Un babyphone IA peut-il fonctionner sans connexion Internet ?
Non. Par définition, les fonctionnalités d'Intelligence Artificielle (détection de visage couvert, analyse de sommeil, etc.) nécessitent que les données soient envoyées à des serveurs distants pour être traitées. Sans Internet, l'appareil perd toute son "intelligence" et, dans la plupart des cas, sa fonction de surveillance.
Existe-t-il des babyphones avec IA qui ne se connectent pas au cloud ?
C'est extrêmement rare sur le marché grand public. Le modèle économique actuel repose sur les abonnements cloud et la collecte de données. Il faudrait chercher des solutions spécifiques, souvent plus complexes et destinées à un public averti, où l'IA tournerait en local sur l'appareil lui-même.
Que faut-il vérifier dans les CGU d'un babyphone connecté ?
Il faut vérifier où les données sont stockées (localisation des serveurs), la durée de conservation des vidéos, les finalités d'utilisation des données (amélioration de l'IA, publicité...), les mesures de sécurité en place, et la base légale pour le transfert de données hors de l'Union Européenne. Si ces informations sont floues ou absentes, c'est un signal d'alarme.





