Uber et la détection d'ivresse par IA

Uber utilise-t-il une IA pour faire payer plus cher les passagers ivres ?

Sur les réseaux sociaux, une rumeur persistante circule : Uber utiliserait une intelligence artificielle pour détecter si un passager est ivre et lui faire payer sa course plus cher. Cette affirmation, aussi alarmante que fascinante, a gagné en popularité ces dernières années. Mais qu'en est-il vraiment ? Entre technologie, brevets et réalité tarifaire, faisons le point pour démêler le vrai du faux.

L'origine de la rumeur : un brevet datant de 2018

Tout commence en 2018, lorsque Uber dépose un brevet pour une technologie de détection d'état d'altération des utilisateurs. Ce brevet décrit un système basé sur l'intelligence artificielle capable d'analyser certains comportements pour déterminer si un utilisateur pourrait être ivre ou sous l'influence de substances.

Les données analysées incluent :

  • La vitesse à laquelle l'utilisateur se déplace,
  • La manière dont il tient son téléphone,
  • La précision de sa frappe lors de la saisie de destination,
  • L'angle d'inclinaison du téléphone,
  • Des mouvements inhabituels.

Cette nouvelle a rapidement fait la une des médias spécialisés, alimentant les craintes et les spéculations sur l'utilisation potentielle de ces données.

Ce que prévoit réellement le brevet d'Uber

Contrairement à ce que la rumeur suggère, le brevet ne mentionne jamais l'augmentation des tarifs en fonction de l'état d'ivresse. Les objectifs affichés sont plutôt d'ordre pratique et sécuritaire :

  • Adapter le point de prise en charge pour plus de sécurité,
  • Proposer des conducteurs formés pour gérer les passagers en état d'ivresse,
  • Éviter le covoiturage (UberPool) pour ces passagers,
  • Refuser une course dans des situations jugées à risque.

Uber a d'ailleurs précisé que le dépôt d'un brevet ne signifie pas nécessairement que la technologie sera déployée. L'entreprise dépose de nombreux brevets qui ne deviennent jamais des fonctionnalités concrètes.

Comment fonctionne réellement la tarification d'Uber ?

Pour comprendre pourquoi la rumeur est infondée, il faut connaître les mécanismes de fixation des prix chez Uber. La plateforme utilise plusieurs facteurs pour calculer le tarif d'une course :

  • La distance et le temps estimé du trajet,
  • Le taux de demande et le nombre de conducteurs disponibles (surge pricing),
  • Les événements locaux (concerts, fêtes, etc.),
  • Les conditions de circulation.



Ces éléments sont transparents pour l'utilisateur, qui voit une estimation de prix avant de confirmer sa course. Rien dans ce système ne fait référence à l'état d'ivresse du passager comme critère tarifaire.
De plus, une telle fonctionnalité pourrait difficilement rester "cachée" sans que rien n'ait jamais été relevé. En effet, avec des millions de courses effectuées quotidiennement dans le monde, une IA modifiant les prix en fonction de l'ivresse des passagers laisserait nécessairement des traces tangibles.
Les utilisateurs comparant régulièrement les tarifs, les conducteurs observant les mécanismes de paiement, ou encore les journalistes spécialisés dans la technologie auraient rapidement détecté des anomalies ou des schémas répétitifs. Les autorités de régulation, qui surveillent de près les pratiques tarifaires des plateformes numériques, auraient également soulevé le problème. L'absence totale de preuves, de témoignages crédibles ou d'enquêtes sérieuses après plusieurs années d'existence de cette rumeur rend donc l'hypothèse d'une fonctionnalité secrète peu plausible.

Le surge pricing : souvent mal compris

Le phénomène de majoration des prix le plus connu chez Uber est le "surge pricing". Il se produit lorsque la demande dépasse l'offre de conducteurs disponibles. Ce mécanisme est automatique et basé sur des algorithmes qui analysent :

  • Le nombre de demandes de course dans une zone,
  • Le nombre de conducteurs connectés,
  • Les événements spéciaux qui augmentent la demande.

Ces majorations peuvent coïncider avec des horaires de sortie de bars ou de fêtes, mais elles sont liées à la demande globale, pas à l'état individuel des passagers.
Par exemple, un samedi soir à 2h du matin dans le centre-ville, le prix d'une course peut être multiplié par 2 ou 3. Cette augmentation s'explique simplement par le fait que des centaines de personnes cherchent simultanément un taxi pour rentrer, alors que le nombre de conducteurs disponibles est limité.
Que ces passagers soient ivres ou sobres, tous verront le même tarif majoré affiché dans l'application. C'est bien le déséquilibre entre l'offre et la demande à un instant T qui déclenche le surge pricing, et non une évaluation individuelle de l'état des passagers.

Absence de preuves

Malgré les nombreuses recherches et investigations, aucune preuve crédible ne vient étayer la rumeur. Aucun média sérieux, aucune étude technique, ni aucun témoignage vérifié ne confirme qu'Uber utiliserait une IA pour faire payer plus cher les passagers ivres.
Plusieurs éléments contredisent d'ailleurs cette affirmation : aucune mise à jour de l'application Uber ne mentionne cette fonctionnalité, aucun conducteur ou employé d'Uber n'a rapporté son existence, les associations de consommateurs et les autorités de régulation n'ont jamais relevé cette pratique, et Uber n'a jamais communiqué sur une telle technologie tarifaire.

Pourquoi cette rumeur persiste-t-elle ?

Plusieurs facteurs expliquent la résilience de cette rumeur malgré l'absence de preuves :

  • La méfiance envers les algorithmes : Les utilisateurs se méfient naturellement des systèmes opaques qui déterminent des prix,
  • Les anecdotes personnelles : Certains ont l'impression de payer plus cher en sortant de soirées, sans considérer que c'est lié au surge pricing,
  • L'effet de confirmation : Une fois la rumeur entendue, on interprète toute majoration comme une preuve,
  • La viralité des infox : Les affirmations sensationnelles se propagent plus vite que les démentis factuels.

Conclusion : une rumeur infondée, mais une vigilance nécessaire

Après enquête, la rumeur selon laquelle Uber utiliserait une IA pour faire payer plus cher les passagers ivres est clairement infondée. Le brevet de 2018 existe bien, mais il n'a jamais été déployé à des fins tarifaires, et rien ne prouve qu'il le sera un jour.

Cependant, cette affaire soulève des questions légitimes sur :

  • La transparence des algorithmes de tarification,
  • L'utilisation des données personnelles par les applications de mobilité,
  • L'équilibre entre innovation technologique et protection des consommateurs.

Face aux rumeurs, la meilleure défense reste l'esprit critique et la vérification des faits auprès de sources fiables.

Sources


Uber utilise-t-il une IA pour détecter si les passagers sont ivres ?

Uber a déposé un brevet en 2018 pour une technologie capable de détecter des comportements associés à l'ivresse, mais cette technologie n'a jamais été déployée dans l'application. Il n'existe aucune preuve qu'Uber l'utilise actuellement.

Les courses Uber sont-elles plus chères si on est ivre ?

Non, il n'existe aucune preuve qu'Uber fait payer plus cher les passagers ivres. Les tarifs sont calculés en fonction de la distance, du temps, de la demande et de l'offre, pas de l'état du passager.

Pourquoi les prix Uber augmentent-ils parfois le soir ?

Les prix augmentent en raison du "surge pricing" quand la demande dépasse l'offre de conducteurs. Cela se produit souvent le soir, mais c'est lié à un manque de conducteurs disponibles, pas à l'état des passagers.

Uber peut-il refuser un passager ivre ?

Le brevet d'Uber envisageait cette possibilité pour des raisons de sécurité, mais cette fonctionnalité n'a pas été mise en œuvre. Actuellement, les conducteurs peuvent refuser une course s'ils estiment que leur sécurité est menacée.

Comment savoir si le prix d'une course Uber est justifié ?

L'application Uber affiche toujours une estimation du prix avant confirmation. Vous pouvez comparer cette estimation avec d'autres options de transport et vérifier si le surge pricing est appliqué, ce qui est indiqué dans l'application.

Sur le même sujet

Réseaux sociaux TikTok
L'IA transforme les réseaux sociaux

L'IA et les réseaux sociaux : quand l'intelligence artificielle redéfinit l'art du contenu

L'intelligence artificielle n'est plus une simple technologie d'avenir : elle est déjà au cœur de notre quotidien numérique. Sur TikTok, Instagram, YouTube et X (anciennement Twitter), l'IA redéfinit la manière dont nous créons, consommons et interagissons avec le contenu. Ces plateformes ne sont plus de simples réseaux sociaux, mais des écosystèmes complexes où l'IA joue un rôle central dans la recommandation, la création et la monétisation. Cet article explore comment l'intelligence artificielle transforme en profondeur l'expérience des créateurs et des utilisateurs.

Religions foi
Religions et Intelligence Artificielle

Comment se positionnent les principales religions face à l'IA ?

L'intelligence artificielle transforme notre société à une vitesse fulgurante. Mais que pensent les grandes traditions religieuses de cette révolution technologique ? Entre opportunités spirituelles et défis éthiques, chaque religion développe sa propre approche.

LinkedIn Données personnelles
LinkedIn et l'utilisation des données pour l'IA en 2025

LinkedIn va utiliser les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner son IA

LinkedIn a officiellement annoncé qu'à partir du 3 novembre 2025, le réseau social professionnel utilisera les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner son intelligence artificielle générative. Depuis le 18 septembre 2025, les utilisateurs ont la possibilité de s'opposer à cette pratique, mais l'option est activée par défaut. Cette décision s'inscrit dans une tendance plus large des réseaux sociaux, comme Facebook (Meta), qui exploitent déjà les données de leurs utilisateurs pour développer leurs IA. Elle soulève des questions importantes sur la vie privée, le consentement et l'équilibre entre innovation technologique et protection des données à l'ère du RGPD.

Arnaque Manipulation
IA menteuses et arnaques

IA menteuses : quand les algorithmes volent, influencent et exploitent les vulnérables

L'intelligence artificielle est souvent perçue comme un outil neutre et objectif. Pourtant, de nombreux cas documentés montrent que certaines IA mentent délibérément pour soutirer de l'argent, influencer des opinions ou exploiter les personnes vulnérables. Ces algorithmes manipulateurs représentent une menace concrète pour nos finances, notre démocratie et notre dignité. Voici trois exemples détaillés et chiffrés qui illustrent l'ampleur de ce phénomène.

Démocratie Décision politique
IA et décision politique

Peut-on confier une décision politique à une IA ?

L'intelligence artificielle transforme déjà nos vies quotidiennes. Mais pourrait-elle un jour prendre des décisions politiques à notre place ? Alors que cette question semblait relever de la science-fiction il y a encore quelques années, elle devient aujourd'hui de plus en plus pertinente avec les avancées technologiques. Entre promesses d'efficacité et risques éthiques, ce débat émergent pourrait redéfinir notre rapport au politique dans les années à venir.

Ministre Politique
Diella, la ministre IA albanaise

Diella, la ministre IA albanaise : révolution ou coup de comms ?

En septembre 2025, l'Albanie faisait entrer une intelligence artificielle dans son gouvernement. Nommée Diella, cette IA est devenue la première au monde à occuper un poste ministériel. Une révolution politique ou une simple opération de communication ? Décryptage d'une innovation qui soulève autant d'espoirs que de questions.