Google Finance intègre les prévisions de Polymarket et Kalshi
Google enrichit sa plateforme Google Finance en intégrant des données de Polymarket et Kalshi. Ces deux entreprises sont des leaders des marchés de prédiction, un concept qui gagne en popularité.
Sur ces plateformes, il ne s'agit pas de paris traditionnels, mais d'un marché où les utilisateurs achètent et vendent des contrats basés sur l'issue d'événements futurs. Le prix de ces contrats fluctue en fonction de l'offre et de la demande, reflétant ainsi la probabilité collective qu'un événement se produise. Ce mécanisme, souvent décrit comme la « sagesse de la foule » (wisdom of the crowd), agrège les connaissances et les analyses de milliers de personnes qui investissent de l'argent réel sur leurs prévisions.
En rendant ces probabilités directement accessibles dans ses résultats de recherche et sur Google Finance, le géant de la tech offre à des milliards d'utilisateurs un nouvel outil d'analyse, complémentaire des données financières traditionnelles. Voici comment cette intégration fonctionne et ce qu'elle implique.
Polymarket et Kalshi : la sagesse de la foule ?
Avant de plonger dans l'intégration, il faut comprendre ces deux acteurs. Les marchés de prédiction sont des plateformes où les utilisateurs peuvent acheter et vendre des contrats basés sur l'issue d'un événement futur. Le prix d'un contrat reflète la probabilité perçue que cet événement se produise.
Polymarket : La plus grande plateforme de prédiction au monde, basée sur la blockchain Polygon*. Elle est décentralisée et a connu une croissance fulgurante, notamment avec les paris sur l'élection présidentielle américaine. Elle est souvent perçue comme plus agile et couvrant un plus large éventail de sujets (culture, tech, politique).
Kalshi : Une plateforme américaine régulée par la CFTC* (l'autorité américaine des marchés financiers). Elle opère dans le système financier traditionnel et se concentre sur des événements économiques et réglementaires.
Toutes deux visent un même but : transformer la "sagesse de la foule" (crowd wisdom) en prédictions plus précises que les sondages classiques.
Comment fonctionne l'intégration dans Google ?
L'intégration est à la fois simple et puissante. Lorsque vous utilisez Google Search ou la nouvelle version de Google Finance, vous pouvez désormais poser des questions en langage naturel. Par exemple :
- "Quelle sera la croissance du PIB en 2026 ?"
- "Quelles sont les chances d'une récession aux États-Unis ?"
- "Qui va gagner l'élection présidentielle ?"
En réponse, Google n'affiche plus seulement des articles ou des graphiques financiers. Il présente désormais un encart dédié avec les probabilités en temps réel issues de Polymarket et Kalshi, souvent accompagné d'un graphique montrant l'évolution de ces probabilités dans le temps.
Le rôle clé de l'IA : Gemini comme interprète
Cette intégration ne serait pas aussi pertinente sans l'Intelligence Artificielle. Google utilise ici son modèle Gemini :
1. Compréhension : Gemini comprend votre question et sait qu'elle doit interroger les bases de données des marchés de prédiction.
2. Synthèse : Avec la fonction Deep Search, l'IA peut aller plus loin. Elle lance des centaines de recherches simultanées, croise les données de prédiction avec des actualités, des rapports financiers et des analyses pour fournir une réponse complète et citée.
L'IA transforme ainsi une donnée brute (ex: 60% de chances) en une véritable analyse contextuelle, rendant l'information beaucoup plus riche et exploitable.
Une intégration mondiale, mais des limites locales
L'intégration de ses prédictions dans Google est prévue mondialement. Cependant, son utilisation se heurte aux réalités réglementaires locales.
En France, l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a interdit l'offre de jeux de Polymarket sur le territoire français.
Comment ça marche alors ? Google peut afficher les données consultatives en France, car elles sont considérées comme de l'information publique. En revanche, si vous cliquez sur le lien pour tenter de parier, vous serez bloqué. La distinction est donc claire pour les français :
- Autorisé : Consulter les probabilités.
- Interdit : Participer aux paris.
Cette situation crée une expérience utilisateur fragmentée mais permet à Google de déployer la fonctionnalité à l'échelle mondiale.
Quel impact ?
Au-delà d'une simple mise à jour technique, cette intégration force à s'interroger sur la nature même de l'information financière. Elle soulève une question fondamentale : peut-on accorder le même crédit à ces prédictions communautaires qu'aux analyses d'experts chevronnés ?
D'un côté, la "sagesse de la foule" mise en avant par Polymarket et Kalshi offre une vision dynamique et en temps réel, où chaque participant met de l'argent derrière sa conviction. Cette approche peut s'avérer plus réactive que les rapports d'analystes, parfois lents à intégrer les dernières actualités. De l'autre, ces marchés restent sujets aux biais collectifs, à la spéculation et aux mouvements de panique, reflétant un sentiment plus qu'une certitude. La véritable valeur pour l'utilisateur résidera sans doute dans la capacité à juxtaposer ces probabilités brutes avec des analyses expertes approfondies, les deux sources étant complémentaires plutôt que substituables.
Parallèlement à cet enjeu de crédibilité, se profilent les enjeux commerciaux sous-jacents. Si les termes financiers de l'accord restent confidentiels, la logique commerciale est claire. Pour Google, il s'agit de capter des données uniques sur les attentes du marché, d'augmenter le temps de visite des utilisateurs sur ses plateformes et de positionner Google Finance comme un outil incontournable.
Pour Polymarket et Kalshi, c'est une validation inespérée et un canal d'acquisition d'une puissance inégalée. On peut légitimement se demander si ce modèle, où un géant de la tech consomme des données d'un autre site, ne préfigure pas de nouvelles formes de monétisation du contenu.
Sources
- Google Finance adds AI features for research, earnings - Blog Google : L'annonce officielle de Google détaillant les nouvelles fonctionnalités, dont l'intégration des données de prédiction.
- Google Brings Prediction Markets Polymarket and Kalshi to Its Search and Finance Platforms - CoinDesk : Une analyse approfondie de l'intégration et de son impact sur le secteur.
- French regulator blocks crypto predictions operator Polymarket - iGaming Business : Informations sur le blocage de Polymarket en France par l'ANJ, essentiel pour comprendre les limites géographiques.
Puis-je parier directement sur Google Finance ?
Non. Google n'est qu'un afficheur de données. Pour parier, vous devez cliquer sur le lien qui vous redirige vers la plateforme Polymarket ou Kalshi, où les règles et restrictions locales s'appliquent.
L'intégration est-elle disponible en France ?
Oui, vous pouvez voir les probabilités de Polymarket dans les résultats de recherche Google en France. Cependant, vous ne pourrez pas parier depuis la France, car l'accès à la plateforme est bloqué par l'ANJ.
Qu'est-ce qu'un marché de prédiction ?
C'est un marché où des personnes achètent et vendent des contrats basés sur l'issue d'un événement futur. Le prix du contrat indique la probabilité que l'événement se produise, selon la sagesse collective des participants.
Google paie-t-il Polymarket et Kalshi pour ces données ?
Les termes financiers de l'accord n'ont pas été rendus publics. Il pourrait s'agir d'un partenariat promotionnel où Polymarket gagne en visibilité, ou d'un accord de licence de données. Les deux scénarios sont possibles.
Les prédictions des marchés sont-elles toujours exactes ?
Non. Elles reflètent une probabilité basée sur l'information disponible à un instant T. Elles sont souvent considérées comme plus précises que les sondages, mais elles ne constituent pas une garantie et peuvent être influencées par des biais ou des événements imprévus.
